Fête des Voies Vertes : Paris – Mont Saint-Michel, une cyclorando engagée

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Sophie POUILLY 01/11/2023 LA FÊTE DES VOIES VERTES

Compte-rendu de l’évènement.

Pour la Mobilité, la patience a des limites

L’édition 2023 de la « Fête des Voies Vertes » lancées par l’AF3V fût, pour nous, association BougEnCelle, un excellent moyen de tester l’état des lieux à quelques mois des Jeux Olympiques et Para-olympiques en Ile-de-France.

Légitimement nous pensions avoir atteint un degré satisfaisant de satisfaction 15 ans après les lois orientant vers la « Voirie pour tous » sous l’impulsion d’Hubert Peigné, le Coordinateur Interministériel pour le Vélo.

Les exemples Européens (ex des Pays-Bas, au dernier jour de notre Rando) incitaient à l‘optimisme grâce au dynamisme de l’ECF dans les Congrès VELOCTY pour les militants internationaux du vélo.

Dès 2009, la Charte de Bruxelles – signée par Alain Juppé et Jean-Marc Ayrault – enjoignait les métropoles à atteindre 15% de part modale du vélo  dès 2020.

Après Copenhague, en 2010, l’ECF a édicté une Charte de Séville très détaillée à l’occasion de Velocity 2011.

Insistance au Congrès de Vienne, en 2013 puis à Velocity 2015, à Nantes, qui fût une superbe opportunité de proposer la Charte de Nantes en préliminaire – quelques mois plus tard – à la COP 21 de  Paris.

Hélas, en dépit de cette vigoureuse mise en garde climatique qui aurait dû offrir une belle place aux MOBILITES ACTIVES, nos attentes sont restées vaines. en Yvelines.

Nous avions pourtant organisé une forte promotion de cette Charte de Nantes avec «  La Fête du Vélo 2015 «  organisée avec l’AF3V et récompensée d’un « Coup de Coeur «  par la FUB et la FF Vélo (ex FFCT).

La photo ci-après illustre l’arrivée – Place de la Concorde – de la plupart de ceux qui participèrent à la dernière étape.

 Le premier jour de la CYCLORANDO AF3V  (le 16/9/2023) a voulu renouer avec cette promotion du Vélo.

La Fête du Vélo de 2015 avec la cyclo-randonnée de Nantes à Paris – sur La Loire à Vélo, la Vélofrancette et la Véloscénie n’a pas suscité un sursaut d’aménagement cyclables en Ile-de-France. Le retard d’aménagements d’infrastructures cyclables a perduré en dépit d’énormes besoins quotidiens et de l’inauguration de la Véloscénie à Chevreuse.

Cette situation à l’approche des J.O. & J.P. nous a conduit a organiser J.O.I.E. (Jeux Olympiques Intermodaux et Environnementaux) une rando pour la Fête du Vélo 2022, ouverte aux « handbikers ».

L’optimisme tardif, pour les mobilités actives, pourrait émerger de l’engagement fort de la Commission Européenne et de l’ECF d’agir – par la DECLARATION de SEVILLE (1)- pour le Vélo.

Première étape : Le Samedi 16 – le Patrimoine célébré avec l’inauguration de la Villa Viardot à Bougival

Cette première Journée du Patrimoine  s’est lancée – localement – sur l’inauguration de la Villa Viardot mais, comme on va le voir, avec une perspective française et européenne. En effet, 2023 c’est 25 ans d’EuroVelo destiné à dessiner l’architecture du réseau européen de grandes liaisons cyclables entre les pays ; sur sa carte figurent notamment quelques joyaux régionaux (de notre Cyclorando) inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco :

  • Paris
  • Les Rives de la Seine mises en valeur par les Impressionnistes dont on fêtera les 150 ans l’an prochain
  • Le Parc et le Chateau de Versailles (400 ans fêtés en 2023)
  • La Cathédrale de Chartres
  • Le Mont St Michel qui célébrait son Millénaire

Le départ de Paris avait été préparé en Mai à l’occasion de la Fête du Vélo de cette année par une rando qualifiée de TGV car elle portait – depuis Nantes en TGV – la Chartes de Nantes (de 2015) et s’achevait par un Paris – Versailles à vélo. La photo ci-dessous illustre le départ du Louvre avec 2 handbikers dont l’un d’eux nous avait accompagné en 2014 sur les 2222 Km de CROI-CY; la Croisière Cycliste de 2014 entre Vienne et Nantes.

A l’inverse, c’est après le 16 Septembre que nous avons pu, enfin, entreprendre la rando pédestre de Versailles à Bougival qui avait été proposée pour « La Fête des Voies Vertes ». La fermeture prématurée de la Grille Royale nous a amené à imaginer un nouvel itinéraire pédestre entre l’Etang la Ville et Chatou avec une halte « Impressionniste »

Le 16 Septembre, fût l’occasion de prendre part à l’inauguration de la Villa Viardot réhabilitée grâce au Loto du Patrimoine, mais, hélas, l’accès était limité à un nombre réduit d’invités.

Pauline Viardot, une Européenne célébrée comme telle, a donné à Jorge Chaminé (ci-contre) – Président du Centre Européen de Musique – une opportunité d’ouvrir des perspectives de développement du C.E.M. souhaité par diverses collectivités présentes (Valérie Pécresse, François de Mazières…) ou représentées comme le Président Macron qui a appelé à la concrétisation du CEM à Bougival  Par la voix de son Conseiller Culturel Philippe Bélaval.

Deuxième étape : De Versailles à Chartres le Dimanche 17, pour la deuxième journée du Patrimoine

La deuxième étapes s’est révélée riche d’enseignements :

  • Un premier, positif, sur la capacité à répondre au Défi du Roi Soleil (cf note ci-après) déjà soumis à plusieurs collectivités locales. En rejoignant l’Office de Tourisme de Versailles, on s’est retrouvés à une douzaine de cyclistes étalés sur 150 mètres qui montaient le Vallon de la Drionne, un itinéraire obligé entre le Pont de Bougival et le Carrefour Bel’Air. Ce serait représentatif du passage d’un cycliste toutes les 2 secondes conduisant à un flux d’environ 18.000 cyclistes par jour.
  • Le second, plus préoccupant ( cf photo), est l’absence d’intérêt pour notre rendez-vous de Versailles afin de se rendre sur la Véloscénie ; c’est une confirmation du dédain fréquent pour un itinéraire négligé par diverses entités et qui conduit les guides à suggérer d’aller vers le Mont St-Michel en prenant le train jusqu’à Rambouillet. Impression confirmée, une semaine plus tard, par un couple qui fit Paris-Rambouillet-Paris sur un trajet en Essonne qualifié de satisfaisant.

Quelques jours après, un voyage à Rambouillet a permis de confirmer la galère des cyclotouristes qui souhaitent aller de Versailles à Rambouillet sur la Véloscénie. La signalisation y est lacunaire et le seul progrès notable depuis l’inauguration à Chevreuse est le cheminement créé le long d’un rude escalier entre St-Rémy de Chevreuse (terminus du RER B) et l’agglomération de Magny-les-Hameaux.

Bertrand Houillon, son Maire, est aussi le porte-parole de la fédération FFVélo et, à ce titre, cheville ouvrière du grand évènement 2024 « Tous à Vélo » en juin.

Augurons-en une capacité à obtenir enfin gain de cause sur l’Itinéraire Versailles-Rambouillet de la Véloscénie.

Etapes 3 à 6 sur la Véloscénie entre Chartres et Mortain 

Cette portion de la Véloscénie bénéficie d’attraits nombreux dans des paysages naturels, même si la traversée du Perche sollicite bien les mollets de ceux qui n’ont pas de VAE.

La fréquentation insuffisante de la Véloscénie souffrirait, selon certains responsables d’un départ trop chaotique en Ile-de-France ( Yvelines et Essonne ) ou de lacunes locales de promotion ou de communication comme celle de la SNCF qui, en intermodal, suggère de rejoindre Bagnoles de l’Orne depuis Alençon ( 54 Km soit 3h environ )

Alors qu’il suffit d’une heure depuis la gare de Briouze !

Septième étape : Arrivée au Mont Saint-Michel, le Samedi 22 Septembre

Par hasard, le quotidien Ouest-France du 22/9 a célébré – en photo – l’arrivée de la Cyclorando !

Dernière étape : dimanche 24 « Le Festival des Alternatives » à Fontenay le Fleury

Organisé par l’association Fontenay (le Fleury) en Transition, le festival des alternatives s’est tenu le dimanche 24 septembre.
Ce ne sont pas moins de 45 stands qui ont été installés autour de différentes thématiques comme l’économie circulaire, les déplacements, les énergies renouvelables, le bien être, un marché des producteurs locaux… Complétés par différentes conférences dont une proposée par Stein Van Oosteren (voir ci-dessous) autour de la ville pacifiée et qui a connu un certain succès.

La mobilité active était représentée par 3 stands de VeloVGP (RéparVélos, informations générales autour du vélo, déploiement du VIF et du Vélopolitain) et Véligo. Un vrai succès porté par une météo radieuse.


Qu’est-ce que la ville accueillante de demain ?

Conférence de Stein Van Oosteren du 24 septembre 2023 à Fonteneay-le-Fleury lors du Festival des alternatives.

Pour imaginer la ville de demain, il faut d’abord comprendre pourquoi la ville d’aujourd’hui est hostile. C’est dur ! Difficile d’admettre et même de voir que la ville n’est pas compatible avec l’enfant, le sénior à pied, la personne sans voiture, la personne à mobilité réduite… bref, incompatible avec 40% de la population.

La conférence illustre cette hostilité avec des exemples frappants, dans le but de provoquer un étonnement général devant autant d’hostilité.

Le début du changement ?

Patience. Comprendre que sa ville est hostile ne suffit pas pour provoquer la transition. Pour vouloir changer, il faut changer, il faut d’abord voir où on peut aller, ce qui est difficile aussi.

Imaginer l’espace public autrement fait presque mal lorsqu’on est habitué, depuis sa naissance, à la rue telle qu’elle est. En plus, nous ne sommes pas tous urbanistes… L’école et les médias ne nous forment pas pour appréhender notre ville autrement. Il faut quasiment un mouvement révolutionnaire pour voir « sous les pavés, la plage » et « sous les voitures, les places piétonnes, les îlots de fraîcheur et les trottoirs plus larges ».

Pour promouvoir une transition urbaine, il ne suffit pas de parler de rues aux écoles, de bâtiments et d’arbres. Ces choses-là sont intéressantes mais oublient l’essentiel : l’humain, celui qui va vivre la transition.

Au lieu de lui proposer un nouveau décor, demandons-lui quels sont ses besoins profonds : le contact, la créativité, la sécurité. Laissons parler l’humain de son besoin de contact avec les autres et la nature. De son besoin de jouer et de s’approprier la rue librement. De son besoin de ne pas avoir peur partout et tout le temps. Il finira par raconter et par imaginer la ville désirable par lui-même.

Développons un urbanisme des besoins humains. Un urbanisme qui explique en quoi la ville accueillante est une réponse plus adaptée à ce que nous sommes. Que sommes-nous ? Des êtres qui existent à travers leur contact particulier avec les autres, la nature, les services et même les façades. Des êtres qui ont besoin de s’approprier l’espace en utilisant leur imagination. Des êtres qui sont fragiles aussi.

Admettons-le, et donnons à l’humain la ville qui correspond à ses besoins : La ville de rêve où il peut être chez lui.

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