Edito du président

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Sophie POUILLY 01/06/2023 NON CLASSÉ

3V-La lettre n°43 – juin 2023 Un « Plan Vélo et Marche » a été présenté le vendredi 5 mai lors du 1er Comité interministériel, auquel l’AF3V avait été conviée (avec d’autres bien sûr). Nous en saluons ici l’initiative. Il est indispensable que le niveau de volontarisme et d’ambition aux niveaux local et régional permettent sa réussite….

3V-La lettre n°43 – juin 2023

Un « Plan Vélo et Marche » a été présenté le vendredi 5 mai lors du 1er Comité interministériel, auquel l’AF3V avait été conviée (avec d’autres bien sûr). Nous en saluons ici l’initiative. Il est indispensable que le niveau de volontarisme et d’ambition aux niveaux local et régional permettent sa réussite.

Mais force est de constater que ces ambitions sont confrontées à un manque criant  : l’absence de la moindre mesure visant à limiter la vitesse autorisée aux voitures sur les voieries partagées  !

Vous pouvez consulter le dossier de presse qui en détaille les mesures.

2 milliards ! 2 milliards d’euros seront investis d’ici 2027 pour le vélo et la marche.

Une belle ambition pour un vaste plan que nous ne pouvons que saluer. Les objectifs déclinés sont tout aussi impressionnants. Mais la mise en œuvre de certaines mesures nous laisse circonspects.

Nous nous félicitons de la volonté de former 850 000 jeunes (une classe d’âge) au « Savoir Rouler A Vélo » en 2027. Mais les étapes pour y arriver ne sont pas abordées, alors que depuis 2019, ce sont 50 000 enfants par an qui ont été formés… Comment passer de 50 000 enfants formés à 850 000 en cinq ans ?

De même, nous nous réjouissons qu’1,5 milliard d’euros soient annoncés pour développer les infrastructures cyclables partout en France. Et ainsi atteindre 100 000 kilomètres de pistes cyclable d’ici 2030 (dont 80 000 d’ici 2027). Mais cela implique un doublement du rythme de réalisation. En effet, un rapide calcul nous montre que (sachant que fin 2022 nous en sommes à 57 000 km) cela fait « du 5 500 km par an ». C’est un quasi doublement du rythme de réalisation si l’on compare aux 17 000 km réalisés depuis 2017. Sacré défi !

Nous partageons tout à fait l’ambition de faire du vélo et de la marche une alternative attractive à la voiture individuelle. Mais si deux des quatre mesures concernent la sécurité des cyclistes et des piétons, elles s’adressent bien plus aux cyclistes qu’à ceux qui leur font courir des risques  :

  • Incitation au port du casque et au port du gilet haute visibilité et diverses campagnes d’information à destination des cyclistes et des usagers vulnérables 
  • Adaptation du code de la route avec généralisation des SAS vélo aux feux tricolores
  • Autorisation d’installer sur le vélo et le cycliste des lumières supplémentaires (feux rouges stops et clignotants orange).

Disons-le clairement : ce n’est pas à la hauteur…

Ne pas faire entrer l’accusée : la vitesse !

En effet, la grande absente, jamais évoquée durant ce comité interministériel, a été la vitesse des véhicules motorisés, responsable de bien des accidents, responsable du sentiment d’insécurité en voirie partagée. Pas un des six ministres présents pour revenir sur les propos du ministre de l’intérieur quelques jours plus tôt, banalisant les « petits » excès de vitesse. Pas un ministre pour proposer de revenir sur l’autorisation donnée aux présidents de conseils départementaux de ramener la vitesse maximale sur leurs territoires à 90 km/h.

Et pourtant cette question de la sécurité des cyclistes passe par la diminution des vitesses automobiles autorisées. Refuser d’en parler met en danger ce plan vélo.

Faire de la France première destination cyclo-touristique

Nous apprécions que la Ministre en charge du tourisme ait annoncé une nouvelle fois l’ambition de « faire de la France la première destination mondiale en matière de tourisme durable, ainsi que la première destination cyclo-touristique. » Mais d’une part le fossé avec la première destination cyclo-touristique, l’Allemagne, reste énorme tant en matière d’itinéraires, en particulier d’itinéraires sécurisés qu’en matière de services. Mais l’ambition est belle et nous la partageons !

Mais là encore comment espérer voir des cyclo-randonneurs, en particulier des familles, affluer sur des itinéraires ouverts à des voitures qui n’ont aucune réelle limitation de vitesse ?

Et pourtant l’appétence pour des itinéraires phares comme la « Loire à Vélo », comme la « Vélofrancette », comme la « ViaRhôna » ou pour les voies vertes, montre combien le potentiel existe.

Et pourtant le nombre de petites routes et chemins agricoles faiblement circulés est énorme. Réservés aux seuls riverains et cyclistes, on verrait ainsi les itinéraires “véloroutiers” augmenter.

C’est pourquoi les exigences portées par l’AF3V en terme de sécurité, de qualité et de développement des itinéraires et des services proposés, restent tout à fait d’actualité  :

  • pour attirer des cyclo-randonneurs étrangers,
  • pour que des familles avec enfants découvrent le voyage à vélo,
  • pour que des jeunes retraités se (re)mettent en selle,
  • pour que le vélo (re)devienne simple et populaire, outil du quotidien, de loisir et de vacances,
  • Pour que le vélo soit un vecteur de santé, d’économie, de plaisir et qu’il participe à sa mesure à la nécessaire transition écologique.

En conclusion, bravo pour cet ambitieux Plan Vélo et Marche. L’AF3V soutiendra pleinement sa réalisation afin que les véloroutes et les voies vertes connaissent un vrai développement qui se traduise partout concrètement. Nous porterons donc nos propositions (qui s’appuient sur notre expertise d’usage) dans le Comité de suivi de ce plan où l’AF3V devrait avoir toute sa place.

Pierre HÉMON président de l’AF3V

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