La FFCT… Une histoire cyclo-touristique

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Sophie POUILLY 28/07/2021 ACTU VÉLO

Interview de Martine Cano, présidente de la FFCT.

Martine CANO, présidente de la FFCT

Martine Cano, présidente de la FFCT , et Dominique Lamouller, vice-président, reviennent sur le rôle historique de la Fédération Française de Cyclotourisme dans la promotion des véloroutes, concept qui a préexisté aux voies vertes et à la création de l’AF3V.

La FFCT (Fédération Française de Cyclotourisme) célèbre bientôt son centenaire. Présentez-nous son histoire !

La FFCT a été créée officiellement en 1923, mais en réalité elle existait déjà depuis les années 1890 au sein du Touring Club de France (TCF). Celui-ci était alors la seule association nationale représentative du cyclotourisme. Au fil des années, le TCF se tournant de plus en plus vers le tourisme au sens large, notamment automobile, et s’intéressant moins au cyclotourisme, des clubs autonomes continuèrent à voir le jour à l’image de notre Fédération. Il s’agit d’un passage historique important qui renvoie à la création d’un mouvement autonome du cyclotourisme.

A qui s’adresse la FFCT ?

A tous les amoureux du voyage à vélo, quelle que soit leur pratique du moment qu’elle n’est pas compétitive. Elle réunit aussi bien les promeneurs qui vont faire une balade dominicale que les voyageurs, randonneurs au long cours qui traversent la France ou partent à l’étranger.

A quel moment commence-t-on à évoquer les voies aménagées ?

Le terme de véloroute apparaît dans les années 1980 et celui de voie verte quelques années après.

La voie verte trouve ses racines dans la « politique du vélo », pilotée par le comité national de suivi de la politique du vélo. Parmi les dossiers menés, un comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire adopte le 15 décembre 1998 un premier « schéma national des itinéraires cyclables prioritaires ».

Au niveau de la FFCT, il faut remonter quasiment dans les années 70. A cette époque, le président Jacques Vicart, alors ingénieur de la direction de l’équipement, avait déjà commencé à développer la notion de voies aménagées. Certes, on ne parlait pas encore de voies vertes mais de zones de pratiques vertes et il avait engagé une action, notamment dans les Landes, pour aménager des pistes. Il a rédigé en 1972 un « essai sur le cyclotourisme en France » où il parle, entre autres des bandes cyclables, nommées « surlargeurs » (terme technique d’aujourd’hui : bande dérasée multifonctionnelle). Dans le chapitre 6 : Notre droit à la route, il pointe un certain nombre d’éléments qui sont encore d’actualité . Citons par exemple :

  • la création de structures d’accueil des cyclistes sur ces itinéraires spécifiques
  • la réutilisation des empreintes de voies ferrées désaffectées, des chemins de halage des voies navigables de France
  • la création du concept de véloroute qui a ensuite évolué pour aboutir aux parcours actuels
  • la distance de sécurité suggérée aux automobilistes (1 m-1,50m) pour dépasser en sécurité un cycliste (dessin de Jacques Faizant).

En parcourant cet ouvrage, on note que le souci de sécurité n’est pas nouveau ! Un autre opuscule spécifique sur la sécurité est publié par Jacques Vicart en 1992. Les véloroutes, voies vertes et routes à faible circulation n’étaient pas encore balisées mais l’idée d’avoir une continuité dans les itinéraires était bien présente.

Son successeur Marc Dobise et d’autres membres du comité directeur, sensibles à ce sujet, élaborent ensuite une grande traversée de la France qui part du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest…

Sans le savoir, ils ont été à l’initiative des voies vertes en encourageant l’idée que les cyclotouristes puissent se déplacer facilement sur les itinéraires en considérant les dénivelés. Les Français et les touristes étrangers, venant surtout d’Europe, ont ainsi pu commencer à traverser plus aisément la France pour se rendre dans des points de villégiature.

Puis, comme toutes les associations et fédérations, la Fédération a vécu des changements de président, a souffert du manque de bénévoles, de compétences et d’énergie pour soutenir ce travail important.

A partir des années 90 jusqu’en 2000, d’autres associations ont commencé à naître autour de la FFCT comme l’AF3V en 1997.

Le canal de Briare

En effet, d’autres personnes se sont mobilisées autour de ce dossier dans le but d’utiliser les réseaux existants pour favoriser la pratique du vélo, notamment autour des canaux, et opérer un rapprochement avec la SNCF (toujours au cœur des discussions !). Chacune de ces initiatives étant guidée par le souhait de se mobiliser pour rendre accessible la pratique du vélo !

La France est un pays aux reliefs variés où il n’est pas toujours évident de pédaler ! L’idée est bien d’identifier des réseaux pour engager des aménagements au fil des années. Ainsi, aujourd’hui ce sont environ 20 000 km qui sont balisés, et la dynamique se poursuit ! La FFCT n’a pas réalisé ce genre de développement, c’est donc l’AF3V (Association Française pour le développement des Véloroutes et des Voies Vertes) qui porte ce projet visant à faciliter le voyage et la pratique de la petite reine. L’amélioration du réseau et son développement sont toujours bien d’actualité. Même si beaucoup de progrès sont à noter ces dernières années, la marge de progression reste très grande !

Aujourd’hui, quelles passerelles existent entre la FFCT et l’AF3V ?

Elles sont variables suivant les régions dans la mesure où dans certains territoires, les bénévoles sont très engagés, travaillent à l’élaboration de circuits en reconnaissant et proposant des aménagements. Selon les régions, des comités sont plus actifs que d’autres car leurs territoires sont traversés par des voies vertes. Au moment de l’élaboration, des liens se mettent en place entre les personnes qui connaissent bien le terrain et peuvent proposer une continuité entre les itinéraires. N’oublions pas qu’un des principaux freins au voyage est justement ce manque de continuité entre les itinéraires…

Nous avons des bénévoles dans nos structures qui sont en lien avec les délégués départementaux et régionaux de l’AF3V. Les itinéraires sont ainsi souvent le fruit d’un travail commun. Il est important de collaborer dans les différentes phases d’un projet notamment sur la préparation et promotion. Il faut encourager la collaboration entre les pratiquants, quelle que soit leur origine : AF3V, FFCT, touristes « lambdas » qui ne sont pas forcément adhérent d’une association. Tous se rejoignent autour de cette envie d’améliorer l’existant, de considérer les problématiques telles que la multiplication des chicanes qui peuvent être décourageantes lorsqu’on circule avec un tandem ou une remorque, voire source de danger. Quelquefois, celles-ci vont même d’ailleurs à l’encontre du projet initial. Nous sommes nombreux à aller voir l’existant chez nos voisins chez qui on ne retrouve pas ce type de problème le long des voies vertes…

En 2001, vous avez fondé le comité de promotion du vélo qui a œuvré jusqu’en 2016.

Les adhérents de l’AF3V, la FFCT et les départements cyclables sont les membres fondateurs de l’AF3V telle qu’elle existe aujourd’hui. Notre objectif ? Créer une structure permettant de se focaliser sur le développement des voies vertes. Il y a eu une période assez riche d’échanges les huit premières années puis comme souvent le manque de disponibilité des bénévoles ou les rapports entre présidences ont eu raison de la dynamique engagée.


Ce comité de promotion du vélo, qui a ensuite vu le jour, regroupe toutes les associations : la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette), les départements cyclables, la FFCT, l’AF3V, UFOLEP (Union française des œuvres laïques d’éducation physique) et les Auberges de Jeunesse. Ensemble, nous avons imaginé La fête du vélo qui s’est tenue chaque année entre 2000 et 2019, remplacée à présent par l’événement Mai à vélo.

Au sein de ce comité, nous travaillons sur les sujets du développement du vélo en France. Celui-ci a par exemple été initiateur de la création de la mission du délégué interministériel à la politique du vélo auprès du gouvernement. Un poste a été créé sous le 1er ministre Dominique de Villepin et occupé par Hubert Peigné de 2006 à 2011.

Et depuis ?

Ensuite, ce comité a été dissout et les actions communes mises en stand-by. Nous redémarrons depuis quelques mois des dossiers ensemble. Par exemple : une campagne de plaidoyer visant une meilleure prise en compte des déplacements doux, en amont des élections départementales et régionales, notamment sur l’intermodalité. L’enjeu ? Que prendre le train pour rejoindre un itinéraire balisé ne soit plus synonyme de parcours du combattant !

L’aspect sécurité reste prioritaire également sur les routes en parallèle des voies vertes pour profiter sereinement des pépites : visite de villes, étape dans les sites touristiques… Tout en prônant le respect auto-vélo avec des actions de sensibilisation en collaboration avec la sécurité routière.

En savoir plus :

veloenfrance.fr : circuits, grands itinéraires et tourisme à vélo

Bienvenue aux Quatre vents ! – Les Quatre vents (4vents-auvergne.com)


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