Se réjouir, mais relativiser
Comment ne pas se réjouir à l’annonce par le gouvernement du budget alloué au développement du vélo : 250 millions pour la seule année 2023 ! Jamais un gouvernement n’aura autant contribué.
L’AF3V souhaite revenir sur 3 points de ce Plan Vélo : le montant du budget lui-même, la filière vélo, et le développement du cyclotourisme.
Outre les 50 millions dédiés au stationnement sécurisé (bienvenus), les 200 millions consacrés aux infrastructures cyclables sont bien sûr importants et absolument nécessaires, car si la pratique du vélo continue à progresser en zones urbaines, elle stagne dans le péri-urbain et dans les zones rurales. Ces dernières ont besoin d’un maillage cyclable important qui relie communes petites et moyennes, qui mène aux gares de façon sûre et sécurisée ! Quelques panneaux « zones 30 » n’y suffiront pas. Et donc nous ne pouvons que saluer « la volonté de doter tous les territoires, y compris les moins denses, d’un vrai maillage cyclable. »
Baisser les limitations de vitesse et récupérer 400 millions pour le Plan Vélo
D’autres mesures auraient pu appuyer et renforcer ce plan.
La baisse des vitesses autorisées à 110 km/h et 80 km/h sur autoroutes et routes, aurait induit trois effets importants. Une moindre consommation de carburant permettant des économies substantielles aux ménages, estimées à 150 euros par an par le cabinet Asterès. Une réduction des émissions de polluants, bénéfique pour le climat et la santé. Plus de de sécurité pour les cyclistes, avec une réduction des accidents mortels, la plupart ayant lieu hors agglomération.
En revanche les centaines de millions (près d’1,2 milliard d’après le même cabinet Asterès) dépensés par le gouvernement en septembre et octobre pour octroyer une « remise à la pompe » de 30 centimes, n’apporteront un gain de pouvoir d’achat que de 25 à 50 euros par ménage (d’après nos calculs, et ce sans compter les 15 jours supplémentaires de remise en novembre !).
En réduisant les vitesses, et en limitant la remise à la pompe à 20 centimes (qui n’aurait coûté que 800 millions au lieu de 1,2 Milliard), les ménages s’y seraient retrouvés financièrement, et les 400 millions « libérés » auraient pu être consacrés à un plan vélo encore plus ambitieux !
Développer la filière économique du vélo, vraiment ?
Deuxième point de ce Plan Vélo qu’il nous parait important d’analyser, le soutien affiché par le gouvernement au développement de la filière vélo. En effet vouloir soutenir et développer la filière économique du vélo est une excellente initiative, mais l’objectif nous semble bien timide. Afficher la volonté d’augmenter de 25% la part des vélos assemblés en France (de 800 000 à 1 000 000) et ne rien proposer pour recréer une filière industrielle du vélo en France, la laissant dépendante des constructeurs hors-Europe, ressemble plus à un abandon masqué. Peut-être faut-il penser et travailler à une filière européenne, sinon nous resterons dépendants d’une crise sanitaire, diplomatique ou autre qui bloquerait frontières et importations.
Tourisme à vélo
Enfin vouloir faire de la France la 1ère destination pour le tourisme à vélo en 2030, mérite de gros efforts, en particulier celui d’oser réserver aux cyclistes certaines petites routes à très faible trafic, notre pays ayant la « chance » d’avoir un réseau de petites routes très denses. Cela favoriserait aussi la croissance du vélotaf. Le tourisme à vélo est porteur de développement local, tant économique que culturel. Donc s’il s’agit bien de développer véloroutes et voies vertes, l’AF3V, ses délégués, ses militants ne manquent ni d’idées, ni d’expertise !
Pour une mobilité d’avenir
Concluons en rappelant nos 5 préconisations pour une mobilité d’avenir
- Permettre l’accessibilité universelle des voies vertes en employant des revêtements lisses et en supprimant les barrières et les potelets
- Sécuriser les voies vertes en les adaptant à la hausse de la fréquentation : largeur de 3 à 5 m et priorité donnée aux piétons et aux cyclistes.
- Développer l’usage utilitaire des voies vertes et l’intermodalité en raccordant le réseau aux stations de transports collectifs et en assurant son entretien régulier.
- Considérer les besoins de l’ensemble des usagers en créant des comités d’itinéraires en favorisant un aménagement inclusif et solidaire des voies vertes.
- Préservez l’environnement en aménageant les voies vertes en enrobé plutôt qu’en stabilisé, indépendamment des corridors biologiques.
L’AF3V rejoint donc l’engouement de la cyclosphère pour ce deuxième plan en faveur du vélo, nettement plus ambitieux que le premier. Mais elle restera attentive et proactive quant à sa mise en œuvre.